Texte 3 : La gueule de bois.



" Ne me demandez pas pourquoi, mais, ces matins là, j'ai la gueule de bois.
Avoir une gueule de bois sans boire, c'est comme être riche sans rien faire.
Enfin pas pour moi, parce je travaille pour gagner ma vie comme la plupart des gens...bref je m'éloigne de mon sujet "gueule de bois» !

Je pense que nous sommes nombreux ces matins là, à avoir "comme" une gueule de bois. Tu sais : la tête lourde, les yeux collés, le cerveau au ralenti, et surtout la peur du vide. Va marcher au bord d'une falaise quand tu es bourré, c'est risqué !

Alors, ces matins là, je ne change rien à mes habitudes. Je mange mes trois biscottes et je bois mon café.
Je me prépare comme si j'allais travailler. D'habitude le dimanche, c'est plutôt tenue décontractée en pilou pilou.
Mais ces jours là, j'ai toujours le même code couleur, le même rituel, le même rouge aux lèvres.

Puis, je le plie en deux, et je le glisse entre mon soutien-gorge et mon sein gauche.
Là, il est chaud, tout près de mon cœur.

La gueule de bois s'estompe rapidement et laisse place à un tsunami d'espoir.
Toujours avoir de l'espoir, il fait vivre il paraît. Et comme, je n'ai pas envie de mourir d'une gueule de bois... j'y crois.

J'entre dans l'antre. J'en prends deux, histoire de semer le doute.
Mais celui qui va se glisser au chaud est près de mon cœur.
Je dépose un baiser à distance.
Je croise une fois les doigts.
Je lui dis des mots doux, des mots d'espoir.

Dans la file, je pense à la gueule de bois matinale. Je sais qu'il y en aura une ce soir... mais sera-t-elle de désespoir ou d’espoir ?

Moi, j'aurai fait ce que j'avais à faire. Demain, je serai sans doute, sans langue de bois.

Arrivée près de la sortie, il prononce le tant attendu : A voté ! "

©Julie.Giordano

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